Juste derrière, Michel
Sarran et Gérard Guarrigues jouent les lieutenants de charme.
Le premier pratique une cuisine méditerrannéenne sophistiquée
dans une demeure à l'italienne : risotto glacé au caviar
et grenouilles, soupe tiède de foie gras à l'huître, loup
cuit-cru au chorizo et crème moutardée au pistou, agneau de
lait aux trois façons (dont un splendide canneloni à la
daube).
Le second, à l'enseigne du Pastel, dans une demeure
bricolée à l'écart du centre, joue le sud-ouest rédéfini,
rappelant qu'il fut le lieutenant de Dutournier au Carré des
Feuillants. Ses saint-jacques en coque, rôtie à la moëlle et à
l'ail frit, son risotto d'orge perlé flanquant des joues de
raie au citron confit, le gigot d'agneau en croûte au jus de
truffe, le sorbet potiron et vieux rhum ont de l'allure, voire
du caractère.
L'outsider ? Benoît Cantalloube, formé chez Guérard,
Boulud à New-York, Savoy à Paris, qui cuisine comme l'oiseau
chante. Sa maison de pays, au pied de la basilique du même
nom, a du charme. Et tout ce qu'il mitonne (haricots tarbais
aux grenouilles et petits gris façon cassoulet moderne,
saint-pierre aux artichauts et pignons au Noilly, pigeon aux
lentilles vertes, joli granité aux fruits et fromage blanc)
est digne de grand intérêt. On n'oubliera pas de citer, au
registre des nouveautés, l'arrivée de Jacques Depeyre, venu de
Montauban, dans la discrétion d'une maison en lisière, ni de
Pierre Roudgé (la Belle Epoque, le Cercle d'Or) dans la
Brasserie du Stade, version new-look (épatante terrine de
morue aux cèpes), ni de Philippe Puel qui joue la modestie bon
enfant au Cantou, près de l'aéroport.
La révélation ? Il faudra aller
jusqu'à Colomiers. L'Amphytrion est une demeure au chic
champêtre sur le mode contemporain. La jolie Sandrine Batard
vante avec grâce la cuisine agile de Yannick Delpech qui, à 23
ans, a dix ans d'expérience, notamment chez l'expert
chocolatier Belin à Albi, Oudill à Biarritz, Pélissou au
Gindreau de Saint-Médard-Catus. Son foie gras mi-cuit au
madiran avec son pain craquant, son tartare de canard, ses
saint-jacques en coque au riz des Andes, son pageot à la fleur
de sel et son admirable pied de porc en crépine avec couennes
confites au vin rouge font figure de divines surprises. Ses
jolis desserts chocolatés (moëlleux à l'orange, chaud-froid à
la vanille) sont dignes d'un maestro du genre.
Gilles Pudlowski |
Les adresses de la
semaine |
Les Jardins de l'Opéra 1, pl. du
Capitole. 05 61 23 07 76. Menus : 220 (déj.),
300, 540F.
Michel Sarran 21, bd Armand
Duportal. 05 61 12 32 32. Menus : 240 (vin et café
c.), 500 (vin et café c.)F.
Le Pastel 237, rte de
Saint-Simon. 05 62 87 84 30. Menus : 170 (déj.),
230, 300, 380F.
7, place Saint-Sernin 7, pl.
Saint-Sernin. 05 62 30 05 30. Menus : 95 (déj.),
140-190F
Depeyre 17, rte de Revel. 05 61 20
26 56. Menus : 170, 220, 270, 320F.
Brasserie du Stade 114, rue des
Troënes. 05 62 72 38 36. Carte :
150-200F.
Le Cantou 98, rue Velasquez,
St-Martin-du-Touch. 05 61 49 20 21. Menus : 98
(déj.), 165, 210, 320F.
L'Amphytrion chemin de Gramont,
Colomiers. 05
6115 55 55. Menus :
145-240F. |
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